mardi 30 août 2011

Le Maire de Celles sur Aisne

Poursuivant mes recherches du côté de mon épouse et des origines picardes de sa famille, j'ai pu retrouvé qu'un de ses aïeul, Jean Pierre Frédéric MOREAU, était le maire de la commune de Celles-sur-Aisne de 1849 a 1862.


Source : Archives départementales de l'Aisne

Jean Pierre Frédéric MOREAU est le père de MOREAU Mélanie Amandine, aïeule de mon épouse (forcément) et qui épousera MENU André Louis en 1865. 
Ensemble, ils auront deux fils dont je vous ai déjà parlé. Emile et Charles Pierre Louis.

Celles-sur-Aisne est une petite commune du canton de Vailly-sur-Aisne, de l'arrondissement de Soissons. Peu habitée, ses divers recensements nous montrent qu'elle a compté, depuis 1793, entre 200 et 350 habitants.

Là ou l'histoire de la commune devient passionnante et tragique, c'est que celle-ci se trouve en plein sur le Chemin des Dames, bataille picarde de 1917, tristement célèbre entre les Alliés et l'Allemagne durant la Première Guerre Mondiale, qui aurait fait selon des estimations, 500.000 morts en deux mois (coté Alliés et Allemands).

Première grosse bataille d'ailleurs pour les troupes américaines lors de la Grande Guerre (même si des américains sont présents dès le début du conflit via un engagement comme volontaire dans les légions étrangères françaises, leur pays n'étant pas officiellement en guerre contre l'Allemagne...).

Source : ECPAD
Les troupes américaines étaient en cantonnement à Celles-sur-Aisne en 1918, où l'on peut voir que cette ville, qui a subit depuis 1914 bon nombres d'assauts et de bombardements, n'est plus qu'un tas de ruines, mais qui a pu être reconstruite après guerre, contrairement à bien d'autres villages français...

Concernant le Chemin des Dames, je vous invite à visionner cette vidéo de l'ECPAD, issue du Service Cinématographique de l'Armée Française de 1917, ou l'on voit notamment le "montage" d'un dirigeable, aussi appelé "une saucisse" !

Je vous invite aussi à découvrir le site internet dédié au Chemin des Dames, du Conseil Général de l'Aisne, qui est particulièrement bien fait !

Encore, un article sur la Grande Guerre, mais il faut dire que les départements du Nord et de l'Est de la France ont une histoire particulièrement liée à ce conflit...

mardi 23 août 2011

Charles Pierre Louis MENU

Charles Pierre Louis MENU est né à Beaurieux (Picardie), le 28 juillet 1867.
Il est le fils d'André Louis MENU et de Mélanie Amandine MOREAU.
Son frère, Emile MENU, est l'ascendant direct de mon épouse. Je vous en avais déjà un peu parlé dans ce billet.

Ce grand oncle a été décoré de la Légion d'honneur en 1915.
Ce qui m'a permis, via la base LEONORE, de retrouver ses états de service au sein du service de santé.
(vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir)
.

Ainsi, j'ai appris qu'il était marié avec Jeanne Marie Léonie LAMOIS et qu'ils avaient 3 enfants.
et qu'il mesurait 1,76m.

On peut voir qu'il a commencé comme soldat de 2nde classe en 1890 (le 11 novembre...), avant de devenir médecin auxiliaire en 1893.


Puis Médecin Aide Major de 2éme classe en 1894, puis de 1ére classe en 1899.
Puis Médecin Major de 2éme classe en 1906 !



 Puis il fut rappelé à l'activité lors de la mobilisation de 1914, pour diriger l'hôpital d'Hirson, en Picardie, en première ligne, en qualité de Médecin Chef ! Autant dire qu'il a du voir des horreurs..
Sur ses états de service, on peut voir qu'il a oeuvré dans de nombreuses zones d'ailleurs.



En 1915, il est donc décoré de la Légion d'honneur et sur recommandations officielles !


En effet, c'est le Ministre, satisfait de son travail sur "les modifications à apporter à la loi de recrutement en ce qui concerne les services de santé" qui en fait la demande officielle.

Autant dire qu'à l'aube de la Grande Guerre, ces modifications ont dû apporté un plus à ces services de santé, et ainsi sauver plus de monde. Enfin, j'extrapole un peu, mais pour recevoir la satisfaction du Ministre en personne et en être décoré de la Légion d'honneur, je ne dois pas être trop loin de la vérité...

On peut retrouver le Docteur Menu, à Hirson (Picardie), qui se battait en 1910 pour des campagnes de vaccinations sur Gallica
On peut y lire "que M. le Dr Menu (Hirson) détient le record des opérations pratiquées, cette année encore, il atteint un total de 1157 opérations vaccinales....", il faut dire que les recherches du Professeur Pasteur étaient encore récentes à cette époque.

 Il mourra à Hirson, le 28 Juillet 1931, à l'âge de 64 ans !
Bien sûr, il ne me reste plus qu'à trouver ladite loi en question concernant les recrutements dans les services de santé, et les modifications apportées par le Docteur MENU !

mercredi 17 août 2011

Crimée, Châtiment...

En 1854, Napoléon III est l'empereur des Français depuis 4ans.

Intéressé par une paix durable avec le Royaume-Uni, et en gage de sa bonne volonté, il décide d'entrer en guerre contre la Russie aux cotés des Britanniques et de leur reine Victoria.

En effet, les Russes sont intéressés par la Crimée, petite presqu'île de la mer noire située au sud de l'Ukraine. Leur but est d'accéder à Constantinople, pour ensuite pouvoir avoir la main sur les détroits du Bosphore et des Dardenelles.
Le Royaume-Uni, de son côté, ne souhaite pas perdre le contrôle de la fameuse "Route des Indes". L'expansionnisme de ces deux nations se confondait à des conflits religieux et une volonté de protéger des lieux saints.

En 1854, la France, le Royaume-Uni, et l'Empire ottoman déclarent la guerre à la Russie, rejoints en 1855 par le royaume du Piémont-Sardaigne. Ce seront donc 1.000.000 d'hommes de cette 1ére Entente cordiale qui affronteront plus de 700.000 Russes ! Ce conflit sanglant se déroulera principalement autour du siège de Sébastopol et qui verra la victoire franco-britannique en septembre 1855 grâce à la prise de la tour Malakoff par un certain Mac-Mahon...



Guerre durant laquelle, les troupes françaises ont pu faire la rencontre des fameux bachi-bouzouk, ces mercenaires de l'Empire ottoman, peu enclins à la discipline, et chers à ce bon vieux Capitaine Haddock !




Durant ce siège, les Français ont perdu 95 000 hommes dont 75 000 de maladies ! Et ce qui arriva donc à ce lointain cousin, Jean-Baptiste BODIN, originaire d'Antigny, fusilier au 18éme Régiment d'infanterie de ligne :



On peut noter qu'il appartenait à l'armée d'Orient, qui a servit durant les campagnes égyptiennes de Napoléon Bonaparte (contre les Anglais), en Crimée (avec les Anglais et contre les Russes) et durant la Grande Guerre (avec les Anglais et les Russes !)


jeudi 11 août 2011

Une reconversion inexpliquée...

Louis Elie CORMIER est mon arrière grand-père maternel.
Il est né à Chaumussay (37), le 29 janvier 1876, et vivra ensuite avec son épouse, Louise Léonie ROY à Preuilly-sur-Claise (37), au lieu dit "le Bourgneuf".

La particularité de cet aïeul qui me pousse à lui consacrer un article est son parcours professionnel.

Fils d'un cultivateur / journalier, on le retrouve en  1896, comme menuisier à l'âge de 20 ans.

Recensement Chaumussay - 1896

Avant la grande Guerre, on le retrouve avec son épouse et ses enfants, à Preuilly-sur-Claise, toujours en qualité de menuisier. Il avait alors 35 ans.
Recensement Preuilly-sur-Claise - 1911
Les dires familiales  m'indiquaient que Louis Elie était décédé pendant cette satanée Grande Guerre.
Et en fait, pas du tout, puisque je le retrouve par la suite.
Par contre, son frère Joseph est bel et bien tombé sur le front, "tué à l'ennemi" (article à venir).

Et on retrouve donc la famille, à Preuilly-sur-Claise en 1921, sauf que le menuisier qu'il était est devenu clerc de notaire ! Il officiait chez Maître Emmanuel Pilet.


Recensement Preuilly-sur-Claise - 1921
 En 1926, on peut voir que son fils Paul, deviendra lui aussi clerc de notaire, à 16ans.

Recensement Preuilly-sur-claise - 1926

Ce qui est surprenant, si j'en crois les divers renseignements que j'ai pu lire, c'est qu'on ne devient pas clerc de notaire si facilement ! Des études, des stages, une nomination, bref, un parcours compliqué qui demande beaucoup de travail. 
Je me demande donc comment peut-on passer du métier de menuisier à celui de clerc de notaire.
Le "Guide du clerc de notaire, depuis le premier jour de son stage jusqu'à sa nomination", paru en 1878 et disponible sur Gallica (cliquer sur le lien), nous confirme que le parcours pour devenir clerc de notaire n'est pas des plus simples. 
Comment alors mon arrière grand-père a-t-il pu connaître cette reconversion professionnelle ?

Recensement Preuilly-sur-claise - 1931
En 1931, on retrouve sur le recensement, ma grand-mère Léonie, petite dernière d'une famille de 4 enfants, qui deviendra couturière !

vendredi 5 août 2011

Du sang sur le zinc...

La famille BOBENRIETH est originaire d'Alsace, près de Mulhouse.
Après la défaite de l'armée française en 1870, l'Alsace est redevenue  prussienne poussant de nombreuses familles à rejoindre les départements frontaliers pour regagner le territoire français.
Ce fut certainement le cas des familles BOBENRIETH et BURGLE.

Martin BOBENRIETH et Elisabeth BURGLE, deux aïeux de mon épouse, se rencontrèrent ainsi à Troyes.
Il s'y marièrent le 7 mai 1881, et eurent 5 enfants : Rosalie, Camille, Elise, Martin et Augustine Julie.

Rue Fortier - Famille Bobenrieth 1896
En 1896, Martin était teinturier, Elisabeth était ménagère, et toute cette petite famille résidait rue Fortier à Troyes.

Puis, je perds cette famille de vue, ils ne sont plus à Troyes en 1906.
Leur fille Augustine Julie, arrière grand-mère de mon épouse, rencontrera Jean-Marie Georges ROULON. Ils auront deux enfants ensembles juste avant la Grande Guerre. William est né vers 1911, Andrée Claire, en 1913, à Nogent sur Seine.

Une famille somme toute normale au début des années 1910, avant que Jean-Marie Georges ne soit mobilisé et parte rejoindre l'armée française. A son retour en 1918, il eut la désagréable surprise de retrouver sa femme Augustine enceinte. Il partit donc sur le champ, et je n'ai plus aucune trace de lui ! Il a dû partir en emmenant leur fils William, car lui non plus n'est plus présent auprès de sa mère.
Augustine a donc accouchée en 1919 d'une petite Raymonde.

Pendant ce temps, Elisabeth, la mère d'Augustine a repris un café du côté de Mailly-la-camp dans l'Aube.
Ce café, du nom de "Café du Progrès" se trouve rue de la Colombière.
Recensement Mailly-le-Camp 1921
On la retrouve sur le recensement de la commune en 1921, avec sa fille Augustine, et sa petite fille Andrée, ainsi qu'un employé François NOBLET.

Et c'est le recensement de 1926 qui nous apporte quelques "précisions" sur la situation. 
Francois NOBLET est présenté comme le "concubin" d'Augustine, et effectivement, il est bien le père de la petite Raymonde. Pourquoi n'est-il pas présenté ainsi en 1921 ? Je pense qu'ils ont voulu garder le secret pour ne pas "traumatiser" Elisabeth qui était alors âgée de 65 ans ou/et ne pas causer de souci  professionnel. 
Et lorsque celle-ci décède (entre 1921 et 1926), ils ont pu alors afficher clairement cette liaison, mais ceci n'est qu'une hypothèse personnelle...

Recensement Mailly-le-Camp 1926
Toujours est il qu'à la mort d'Elisabeth, c'est Augustine qui reprend la gestion du Café du Progrès, aidée de son compagnon François.

Et c'est en 1926 que le drame se déroule !
A l'époque, Mailly-la-Camp recense presque 3500 habitants, notamment dû à la présence de l'énorme camp militaire.
Il y a donc plusieurs commerces, et les querelles de commerçants qui vont avec. 
Tout laisse à croire que c'est une de ces querelles qui pousse Léon BERAT à abattre Augustine en août 1926.

Léon BERAT est un ancien poilu. En 1924, il s'installe à Mailly-le-Camp où il monte un établissement qui fait à la fois café et salon de coiffure, dans la demeure familiale, rue de la Colombière. 
Cet commerce se nomme le "Café de la passerelle". 
On retrouve d'ailleurs ledit Léon sur le recensement de Mailly-le-Camp de 1926 ci-dessus...

Selon le rapport de police, Augustine Bobenrieth n'avait pas vraiment un caractère facile, et aimait à colporter quelques ragots sur la femme de Léon BERAT, madame JEGO, avec laquelle elle avait eu une vive altercation un mois auparavant au lavoir.

En ce 12 août 1926, après une journée bien arrosée, Léon se rendit au "Café du progrès" où il voulait payer l'apéritif à François NOBLET et à Martin BOBENRIETH, le frère d'Augustine, qui l'avaient aidé à réparer sa moto. 
En entrant dans l'établissement, il tomba nez à nez avec Augustine, et de là, une altercation éclata. Augustine prist une gifle qui la renversa sur une table. Ne se laissant pas impressionner, elle saisit un nerf-de-boeuf et asséna un coup très violent à Léon, qui lui blessa un oeil ! Et là, c'est le drame! Léon rentra chez lui et saisit son revolver (avant de recevoir quelques soins et d'appeler la maréchaussée). De retour au Café du progrès, il entra arme au poing, et  tira. François NOBLET prit la première balle alors qu'il venait à sa rencontre ! Puis Léon continua de faire feu, il toucha aux poumons le caporal Joseph LABOULAIS qui tentait de s'interposer, et Augustine à l'estomac, avant de mettre en joue Mlle Guyot, une domestique qui eut la chance de se trouver face à un revolver qui n'avait plus de balles !
Cette scène dramatique se déroula sous les yeux d'Andrée, grand-mère paternelle de ma femme, et de Raymonde, sa demi-soeur...

Heureusement pour François Noblet, il avait dans sa poche de chemise un porte-feuille bien rempli qui stoppa la balle! Il ne fut donc que blessé ! Augustine, quand à elle, mourut quelques heures plus tard dans une clinique de Troyes,
Le caporal LABOULAIS mourut dans l'heure, laissant une femme et deux enfants.

Pour ce coup de folie, Léon BERAT ne fut condamné "qu'à" 8 ans de travaux forcés. Il eut droit également à la double peine comme tous les bagnards ! 8 ans au bagne de Cayenne, et un peu moins de 6 ans d'exil en Guyane, au lieu de 8 ans, suite à une remise de peine. 

Pourquoi une peine si courte ? Je pense que plusieurs facteurs entrent en jeu. 
Tout d'abord, c'était un ancien combattant de la Grande Guerre, qui avait été décoré. En outre, on peut facilement imaginer que le patronyme d'Augustine à consonance allemande n'a pas aidé à calmer les rivalités entre ces deux familles. De plus,  la vie pas forcément exemplaire d'Augustine n'en a pas fait une victime "idéale". Enfin, Léon BERAT était sous l'effet de l'alcool, ce qui pouvait être considéré comme une circonstance atténuante à l'époque... Toujours est-il qu'il échappa à la peine capitale pour se rendre aux travaux forcés.
Archives Aix-en-Provence
Il revint donc à Mailly-le-Camp en 1940. Pour la petite histoire, il est enterré à deux tombes d'Augustine Bobenrieth, dans le cimetière de Mailly.

Retrouvez tout le récit des faits dans la presse de l'époque : Lien


Concernant la famille ROULON, je suis toujours à sa recherche, je n'en trouve aucune trace ! J'aimerai également retrouver la trace de William ainsi que celle de la petite Raymonde. Ces recherches vont être longues, peut-être qu'un lecteur du blog, un jour, m'aidera dans cette quête :)
[Depuis, j'ai retrouvé la famille ROULON du côté de Potangis (51) !

Enfin, je voulais remercier Alain DOMMANGET pour son aide précieuse aux archives départementales de l'Aube. Et bien sûr un grand merci aux cousines Lisa et Gina BARREDO, les mémoires de la famille ROULON :)