mercredi 10 avril 2013

I comme "Indigènes"

Les recherches généalogiques nous emmènent souvent en Algérie, pays occupé/colonisé/évangélisé/exploité (rayer les mentions inutiles) par la France de 1830 à 1962. 
132 ans d'une histoire commune qui a forcément impacté nos généalogies. D'ailleurs, la relation franco/algérienne est bien plus vieille que ça...


De 1830 à 1834, les colons français arrivèrent en masse sur ces terres fraîchement conquises. Il faut dire que le jeu en valait la chandelle, puisqu'ils étaient scindés en 3 parties :
  • ceux qui étaient assez riches pour construire leurs maisons, reçurent dix hectares ;
  • les militaires retraités reçurent six hectares ;
  • les colons sans ressources reçurent quatre hectares.
Mais ça ne sera qu'en 1848 (lorsque la France proclamera sa 2éme République et sa nouvelle Constitution), que l'Algérie sera officiellement rattachée au territoire français et que 3 départements seront crées sur le sol de la nouvelle Algérie française : Oran, Alger et Constantine.

Là où le problème commence pour l'administration coloniale, c'est qu'en Algérie, il n'y a pas d'état-civil, et les "indigènes musulmans" n'ont pas de nom patronymique au sens où nous l'entendons. Les enfants disposent d'un prénom et sont les "fils ("ben") et filles ("bent") de" : Omar "Ben" Mohammed ou  Fatma "Bent" Mohammed. Cette "tradition" créa un certain nombre d'homonymie, et donc de quiproquo, si bien que la mise en place d'un véritable état-civil a été décidé le 23 mars 1882.
Ainsi, "l'indigène" devait choisir un patronyme et le gouvernement lança une grande série de recensements. Cet état-civil devait surtout recueillir tous les actes de mariage à compter de l'année 1882, de manière un peu plus "cadrée" qu'ils ne l'avaient été jusqu'à maintenant par des tentatives de décrets et de lois plus anciens. C'est à cette occasion aussi que la carte d'identité fut rendue obligatoire, et surtout le choix du patronyme de la famille. Sachant que ce choix devait se faire par le chef de famille, ou par l'officier d'état civil en cas de refus (ce qui apparemment a été le théâtre de quelques blagues de mauvais gouts de certains employés...)



Forcément ce changement majeur ne fut pas accueilli de suite par les "indigènes" et même l'administration ne semblait pas prête à absorber un tel travail !
De plus, le succès ne fut pas vraiment au rendez vous, malgré plusieurs lois antérieures qui ne laissaient pas le choix aux "indigènes" sous peine de recevoir une amende. Néanmoins, la menace non plus ne semblait pas être un souci. Si bien que l'état-civil pour les colons français, habitués à ce genre de pratique, est bien tenu, mais pour des "indigènes" locaux, l'affaire se complexifie.

Toujours est-il que sur un point de vue purement généalogique, ce changement de "patronyme", l'absence d'un état-civil "complet", des noms et prénoms arabes qui sont écrit phonétiquement par un officier d'état-civil estampillé "100% français", ne facilitent pas les recherches, et tout cela sans compter sur le changement de prénom lorsqu'on se convertit à l'Islam....


Pour les registres en ligne de l'Algérie, c'est sur le site de l'ANOM, suivez le lien
Pour la loi au grand complet, la source est : "Code de l'Algérie Annoté - Législation Algérienne" de 1896

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