Liaigues est une ancienne commune de la Vienne, très petite. Si petite que pour une année, l'ensemble des actes de naissances, sépultures et mariages tiennent entre 2 et 4 pages.
En 1716 et 1717, le curé inscrit deux notes sur les registres qui nous racontent deux évènements majeures pour cette paroisse de Saint Philibert.
Au mois de may de cette année 1716, le calice de cette paroisse a été échangé et refait tout à neuf, et a été fait et donné un ciboire, donné une chasuble et une aube par les Révérends pères bénédictins de Saint Cyprien de Poitiers et autres donateurs. Pareillement par eux, le choeur de cette église a été recouvert et reposé. Par Madame la Comtesse de Poitiers a été donné une autre chasuble, une custode, et la bourse pour porter le Saint viatique aux malades avec une autre bourses à corporaux garnie d'un corporal et d'un voile de calice.
Les habitants ont aussi fait recouvrir la nef et ont fait garnir le vitrail de laditte nef. Le tout par Sel, soins (?) et sollicitudes et quelques frais du curé soussigné qui a donné dans le même temps un encensoir, et navette, un bénitier, un devant d'autel, un dais, un bassin de plomb pour les eaux de baptême. Ne s'étant trouvé dans l'église de cette ditte paroisse pour tous ornements qu'une petite chasuble et un autel très pauvre. Pareillement, le curé a fait démolir et rétablir l'ancien presbytère qui est proche l'église a ses propres frais sans en avoir remboursé aucune chose ny des héritiers des précédents curés, ny des habitants, l'avant trouvé prêt de tomber en ruine et en [?], y'en ayant déjà une grande partie, en un mot, il lui en a cousté plus de cent pistolles. Le tout a été certifié par les habitants.
Pour l'utilité de tous ces objets de culte, je vous renvoie vers la page Wikipédia dédiée :)
Et quelques pages plus loin, les travaux continuent !
Au mois de may 1717, le curé à fait faire et construire une sacristie à son église à ses coûts et dépens.
A pareillement fait faire le mur de sa grande vigne du côté de "Puzé" et à laissé environ quatre pieds de largeur de terrain au délà dudit mur qui lui appartiennent afin d'avoir la liberté d'aller et faire le tour de son dit clos, et le sir (?) Mereau, procureur à Poitiers à qui appartient la vigne qui est proche ledit clos l'ayant aquesté de Mrs De Menou, ne peut rien appuyer contre ledit mur. Le tout vérifié et certifié par la visite de M. Antoine Delavault et Michel Brunet, entrepreneurs massons en présence des habitant soussignés. [pas sur du tout de ma retranscription à certains endroits....]
De biens beaux efforts pour restaurer l'église de Liaigues et l'équiper pour ses futures messes, malheureusement après la Révolution Française, l'église connut un autre sort.
En effet, le curé PINSON, ne se plia pas à la volonté de la nouvelle république et ne prêta pas serment. Il fut alors considéré comme "incivique" et se se fit clandestin.
Une lettre du maire de l'époque, Louis Elzéard Bourgnon, au nom de la société populaire de Champigny dont il est membre, le dénonce même : [source : Maisonneuve86. Merci à eux]
"Liaigues le 11 février 1791Messieurs, Nous avons l'honneur de vous prévenir que le 30 janvier dernier, étant à la messe paroissiale de Liaigues, le sieur Antoine Pinson eut la témérité de prêcher publiquement contre notre sage constitution jusqu'au point qu'il avança que si on envoyait un autre curé pour le rem placer, il ne pourrait validement administrer les sacrements aux paroissiens et que la constitution attaquait notre sainte religion. Il se serait encore bien plus emporté contre notre souverain si le maire soussigné ne se fût opposé à ses discours fanatiques et incendiaires.
C'est, messieurs, seulement comme citoyens et amis de la paix et du bon ordre que nous vous faisons la présente déclaration afin que vous en disposiez comme votre patriotisme et la prudence ordinaire qui président à votre respectable assemblée vous le dicteront. Nous avons l'honneur d'être très respectueusement, messieurs, vos très humbles et très obéissants serviteurs et compatriotes.
L.E. Bourgnon, maire de Liaigues Morry, officier municipal "
Quelques années après, la paroisse puis la commune furent rattachés à la commune de Champigny-le-sec, et l'église tomba définitivement en ruine et à l'abandon.
Qu'en reste-t-il aujourd'hui, pas grand chose apparemment...
Ah ces p'tites communes rattachées, dur dur pour leur église. A Prinçay, elle reste bien entretenue, mais Prinçay est toujours représenté dans les conseils municipaux et plaide la cause de ce hameau qui n'arrive pas à oublier qu'il fut une commune.
RépondreSupprimerMerci Fred pour cet article !