vendredi 9 décembre 2011

l'Edit du roi Henri II

Dans les registres paroissiaux de Saint-Pierre de Maillé (86), je suis tombé, en fin de registre de l'année 1768, sur une note écrite du curé de la paroisse.

"Je soussigné curé de la paroisse de St Pierre de Maillé, certifie que l'année dernière l'Edit du roi Henry II de 1556 à été publié de trois mois en trois mois, au prône des messes paroissiales de trois mois en trois mois".

Mes modestes connaissances ne m'ont pas permis de me rappeler ce fameux Edit, alors j'ai entamé quelques recherches.
En fait, devant la recrudescence des grossesses et accouchements cachés, et afin de prévenir l'abandon et donc la mort des enfants en bas-âge non baptisés, le roi Henri II a décrété cette loi qui stipule :

"Et estant duement avertis d'un crime très-énorme et exécrable, fréquent en nostre royaume, qui est, que plusieurs femmes ayant conceu Enfant par moyens deshonestes ou autrement, persuadées par mauvais vouloir et conseil, déguisent, occultent et cachent leurs grossesses, sans en rien découvrir et déclarer : Et avenant le temps de leur part, et délivrance de leur fruit, occultement s'en délivrent puis le suffoquent, meurdrissent, et autrement suppriment, sans leur avoir fait impartir le saint sacremeat du baptême : ce fait, les jettent en lieux secrets et immundes, ou enfouissent en terre profane ; les privans par tel moyen de la sépulture coûtumière des chrétiens"

Et les sanctions envers les mères reconnues coupables étaient très radicales puis qu'elles encouraient la peine de mort comme l'indique ledit Edit :

"statué et ordonné, et par édit perpétuel, loi générale et irrévocable, de notre propre mouvement, pleine puissance et autorité royale, disons, statuons, voulons, ordonnons et nous plaît, que toute femme qui se trouvera deuement atteinte et convaincue d'avoir celé, couvert et occulté, tant sa grossesse que son enfantement, sans avoir déclaré l'un ou l'autre, et avoir prins de l'un ou de l'autre témoignage suffisant, même de la vie ou mort de son enfant, lors de l'issue de son ventre, et qu'après se trouve l'Enfant avoir esté privé tant du saint sacrement de baptême, que sépulture publique et accoutumée, soit telle femme tenue et réputée d'avoir homicide son Enfant. Et pour réparation, punie de mort et dernier supplice"


Edit qui fut d'ailleurs "reconduit" par Louis XIV en 1708....
Le curé des paroisses devait donc rappeler régulièrement cet Edit, et les femmes devaient alors déclarer leur grossesse et la naissance de l'enfant.....

2 commentaires:

  1. Ah Merci Fred pour ce rappel si bien illustré ! Il fait écho aux infanticides que j'ai relevés lors de la période révolutionnaire, et où la non déclaration de grossesse est toujours à charge. Ainsi qu'à décharge d'ailleurs, certains infanticides qui paraissent pourtant avérés sont niés au prétexte que la grossesse fut déclarée. C'est un sujet passionnant, car si la lecture de cette loi laisse entendre une particulière sévérité contre les mères infanticides, sous la période révolutionnaire que j'ai décortiquée, la justice est plutôt clémente. On y voit les femmes s'épier et se dénoncer sans pour autant s'entraider, on y voit un laisser faire de la justice assez sidérant. Le 19ème siècle va renverser la vapeur.... Il serait intéressant de faire une petite courbe de l'évolution des peines appliquées (et pas encourues) depuis cet édit. Bonne journée !

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  2. Malgré les mauvais pressentiments de sa mère, la reine Catherine de Médicis, le roi enfourcha son fier destrier et galopa sur la piste!!

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